Upa
Messages : 11 Date d'inscription : 04/03/2009
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| Sujet: Acte 1 : Réminiscence à l'aube d'une aventure. Jeu 5 Mar - 15:13 | |
| Réminiscence à l'aube d'une aventure.
L'obscurité et le silence régnaient en maîtres absolus sous l'égide des grands arbres bordant le petit chemin qui menait de Bourg-Palette à Jadielle. Le jour n'était pas encore levé. Seules les créatures nocturnes continuaient leurs activités, bien que le moment de retourner dans les bras de Morphée ne tarderait pas à venir pour eux. Par ailleurs, nul ne prêtait attention au duo qui évoluait le long de la voie forestière. Après tout, qu'un homme et un Pokemon fassent route ensemble ne présentait pas vraiment de surprise, surtout du fait que ce lieu voyait passer de nombreux dresseurs régulièrement. Mais l'individu ne ressemblait à aucune personne banale qu'on aurait pu croiser dans les villes.
D'une taille moyenne, ce jeune homme – car il s'agissait d'un garçon – possédait une silhouette svelte avec une fine musculature. Malgré la pénombre, il semblait se repérer facilement sans hésitation, levant de temps à autre les yeux vers le ciel étoilé, comme si la voûte céleste lui servait de plan. Ses pieds chaussés de mocassins martelaient le sol en silence à chaque pas qu'il effectuait. L'énergumène agissait tel un fantôme, dans la plus grande discrétion, bien qu'il ne paraissait nullement vouloir se cacher au vu de sa démarche assurée. De toute façon, avec une allure comme la sienne, même les Pokemon qui l'observaient dans la nuit devaient se douter qu'il ne passerait pas inaperçu avec de tels vêtements et le grand sac qui pendait dans son dos.
En outre, comme il a été mentionné plus haut, l'individu ne voyageait pas seul. Un Pokemon à l'aspect canin l'accompagnait, marchant à ses côtés. La créature arborait un pelage vif sur lequel apparaissaient quelques rayures sombres. Sa queue touffue, sa crinière et son visage possédaient leur propre teinte, proche du beige. Son allure transpirait la quiétude, à l'image de son compagnon humain. Il s'agissait bien évidemment d'un Caninos, un Pokemon de feu. Ainsi, les deux amis faisaient route côte à côte en silence, sans prêter attention aux être vivants qui pullulaient autour d'eux.
Alors que les premiers rayons du soleil décidaient de se montrer, le jeune homme avisa un arbre en apparence bien solide et l'escalada, suivi de près par son compagnon qui effectuait de grands bonds de branche en branche pour atteindre le sommet du conifère. Upa – car il s'agissait évidemment de lui – et Caninos restèrent ainsi à leur place durant un long moment, le temps que le soleil se soit totalement levé et que les Pokemon nocturnes aient cédé leur place aux créatures diurnes.
" Regarde, mon frère. Nous sommes les témoins privilégiés du décès d'une nuit et de la naissance d'un nouveau jour. Quand une chose meure, une autre apparaît. Ainsi est fait le monde. "
Caninos répondit par un faible aboiement, soucieux de ne pas briser ce moment magique. Le duo avait l'habitude d'être éveillé avant la venue du matin pour assister à ce spectacle. Mais chaque fois était une nouvelle expérience qui suffisait à leur faire apprécier toujours d'avantage le simple fait d'être en vie. Pourtant, le Pokemon sentait que son compère était plongé dans un état différent des autres jours. Il semblait nager au coeur de ses pensées. Et c'était bel et bien le cas. Upa fixait le soleil qui était à présent à mi-chemin vers le ciel, tout en voyant défiler dans son esprit les souvenirs du passé.
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Dix ans plus tôt, alors que le garçon n'avait que cinq ans, son père s'était approché de lui, suite à une réunion du Conseil dont il faisait d'ailleurs partie. Upa n'oublierait jamais ce moment. Son père s'était baissé devant lui, avait posé un genou à terre pour être à peu près à sa hauteur, et lui avait débuté une conversation très importante pour l'enfant.
" Écoute-moi bien, mon fils. Aujourd'hui est venu le temps de la migration. Notre peuple ne peut plus rester ici, car les hommes étendent de plus en plus leurs territoires. Bientôt, ces terres seront considérées comme leurs terres. Je sais que tu ne veux pas partir, et je comprends ta décision. "
Upa ne disait rien, se contentant d'écouter, tout en sentant qu'il comprenait où voulait en venir son père. Mais par respect pour son aïeul qui devait avoir énormément de difficultés à mettre en forme ses mots dans une telle situation, le garçon le laissait parler, attendant patiemment la suite. Caninos, à ses côtés, se collait contre lui pour lui faire comprendre qu'il n'était pas seul à endurer le supplice des séparations. Upa lui offrit d'ailleurs des caresses en remerciement pour sa loyauté. Pendant ce temps, son père reprenait la parole, d'un ton où l'on sentait qu'il se maîtrisait difficilement pour garder toute dignité.
" Pour ma part, je vais suivre le clan. "
Voilà, c'était dit. L'enfant resta silencieux, fixant son unique parent d'un regard neutre, mais d'où coulaient tout de même des flots de larmes. Elles avaient jailli sans crier gare, glissant le long de son visage pour aller nourrir la terre. Et comme si cet état était contagieux, son père se mit également à pleurer en silence, avant de serrer sa progéniture dans ses larges bras, tout en faisant attention de ne pas le blesser.
" Mais ne t'en fais pas. Car où que je sois, où que tu sois, peu importe la distance qui nous sépare, nous appartiendrons toujours à la même espèce, au même clan, à la même famille. Maintenant, voici le seul chant de notre tribu que tu ignores encore. il est temps que je te l'enseigne. Ainsi, lorsque nous serons séparés et que tu entonneras ce chant pendant que le Soleil se lèvera, je ferai de même. Durant cet instant, aussi court soit-il, nous ne serons plus qu'un. Alors, écoute, et retiens. "
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Revenant au présent, perché au sommet d'un arbre, Upa se souvint. Aussi, pour la première fois depuis qu'il s'était retrouvé sans famille à ses côtés, le jeune homme s'assit sur une grosse branche, dos au tronc, et sortit son tam-tam. Puis, il entonna le chant que lui avait enseigné son père, dix ans plus tôt. Malgré le fait que ce fut la première fois qu'il le chanta, l'adolescent ne buta pas une seule fois sur les propos, ne fit pas une seule erreur dans le ton. Comme si, à travers lui, c'était toute sa tribu qui se retrouvait pour discuter, chanter, danser autour d'un feu de camp. Près de lui, Caninos attendit que le chant soit terminé, avant de pousser un hurlement, tel un loup à la pleine lune. Bien que les deux compagnons ressentaient de la tristesse en cet instant, elle n'était rien comparée à la sensation de se retrouver de nouveau parmi les leurs. Finalement, après quelques minutes de silence, ils redescendirent de l'arbre et reprirent leur route vers leur prochaine destination, dont ils ignoraient la localisation. Leurs pas se chargeraient de les y mener, couplé de leur instinct... | |
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