Recueillement [Solo]

Mors, mortis, f : la mort

Comment définir la mort, scientifiquement parlant ? Même les plus éminents scientifiques hésitent à répondre. L’arrêt des battements du cœur ? Non, car on peut le faire redémarrer. La destruction des cellules nerveuses ? De nos jours, la médecine peut en réintroduire de nouvelles et ainsi sauver tout le système nerveux. Finalement, cette question ne trouvera peut-être pas de réponse, mais les effets de la mort, eux, sont apparents et dévastateurs, et non nul besoin de scientifiques pour les étudier, car ils n’appartiennent plus au domaine de la science mais plutôt à celui de la psychologie.

Solitudo, inis, f : la solitude

En voici un des effets. La disparition d’un être cher entraîne à un repliement sur soi. On est dans une bulle, vivant du souvenir du défunt. Pour passer le cap, on doit éclater cette bulle au plus vite. Mais parfois, la vie elle-même s’oppose fermement à la réintégration de la personne, lui infligeant épreuves sur épreuves. Mais, si le malheur même s’épuise à s’acharner sur une seule personne, la solitude, elle, reste bien ancrée au plus profond de l’âme. Surtout quand les êtres disparus sont au nombre de deux.

La solitude, voilà un mot qui n’avait pas de place en ce moment dans les oreilles du jeune éleveur. Enfin arrivé à Argenta, après quelques contretemps, le groupe dans lequel il se trouvait se dissout pour explorer la ville, chacun de son côté. Toutefois, il comptait la retrouver cette solitude qui l’avait accompagnée ces 14 dernières années. Pour Andro, Argenta était une ville très importante, du point de vue sentimental, même si c’était la première fois qu’il y mettait les pieds. Il savait où il voulait aller mais ne savait pas comment. Quand à demander son chemin à quelqu’un, c’était hors de question. Et puis, l’endroit qu’il cherchait ne devait pas être si dur à trouver. Il n’empêche qu’il errait dans la ville, telle une âme en peine cherchant la rédemption. Il finit par se trouver devant un immense portail noir, entrée vers le monde des morts. Ici se trouvait le cimetière des pokémons, ici reposait sa mère. Oui, sa mère reposait au milieu de pokémon car c’était moins coûteux qu’un enterrement normal et que personne n’en avait demandé le droit de l'enterrer dignement, à sa mort. La mairie décida donc de lui offrir sa dernière demeure ici. Il la chercha quelques minutes, ne sachant pas où elle se trouvait. Ses recherches ne furent pas vaines car, peu après, il se tenait devant une tombe dont la stèle indiquait : « Ci-gît Laurène Zerva ». Pour l’épitaphe, on avait inscrit la dernière phrase qu’elle avait prononcée, en rajoutant une petite conclusion.

« La vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie. Prenez-en conscience devant cette tombe »

Cette phrase pénétra jusqu’au plus profond de son âme. Toute sa vie, il a vécu dans le remord de ne pas avoir connu sa mère ni son père. Toute sa vie, il avait vécu dans le passé et dans leur souvenir, aussi fictif soit-il. Toute sa vie, il l’avait passé à se morfondre, sans jamais rien laisser transparaître. « La vie ne vaut rien ».
Cette phrase était une invitation à tourner la page, à profiter pleinement du cadeau merveilleux qu’est la vie. Oui, la vie peut se montrer dure avec nous, mais n’en est pas moins si belle. Toutes les petites douleurs du quotidien n’ont pour but de nous faire ressentir la vie dans notre corps. Alors, il faut vivre dans le présent et profiter de l’instant présent, sans redouter la fin. « Rien ne vaut la vie ».
Sa dernière volonté avait été respectée : son fils avait pris conscience de la valeur de la vie, grâce à cette tombe. Andro se releva, serein désormais, et s’apprêta à ressortir du cimetière.

» Giovanni ! [ Solo ]
» Marchons [Solo]
» Et c'est un départ! (Solo)
» N'abandonnons pas 2/3 [Solo]
» Un tournoi ? ( Solo )