Kyo était nerveuse, très nerveuse. Entre ses doigts, elle ne cessait de tourner et retourner la pokéball d'Otaria. Habituellement si calme, il faisait drôle de voir Kyoko qui tremblait comme une feuille morte. Assis devant elle, sourire aux lèvres, Tomonari la regardait, la joue dans la main. Ses yeux noisette laissaient voir une sorte d'admiration et d'adulation. Toutefois, la jeune fille n'aurait pas été prête de le remarquer. Sur son bureau, le violon semblait presque la regarder avec un air suppliant. Dans sa balle, le pokémon semblait bouger de temps à autres pour également rappeler sa présence. Quitter Argenta voulait également dire laisser son violon derrière elle. Son grand-père l'avait sans doute souhaité de tout son cœur, mais il aurait sans doute eu un dilemme semblable au sien le moment venu. Par la fenêtre, on voyait l'intensité du soleil qui semblait vouloir indiquer que lui également attendait que la jeune fille se décida enfin. Tout près de la porte, un sac à dos reposait, plein et prêt. Entrouvrant la bouche, les yeux gris-bleu de la jeune fille se posèrent sur Tomonari qui la regardait toujours sans broncher. Ses sourcils semblaient trembler légèrement, montrant qu'elle voulait parler, mais qu'elle ignorait quoi dire. Le jeune homme se leva et déposa sa main sur la tête de l'adolescente en lui faisant un gros sourire.
- Tu sais, on se reverra. Et puis, si tu veux devenir une maître pokémon un jour, ce n'est pas en restant tranquillement à Argenta que tu réussiras! Tu verras Kyo, tu y arriveras.
- Mais il ne s'agit pas de cela....
- Je sais, tu me l'as dit cent fois. Et puis, tu rencontreras sans doute des gens en route pour t'accompagner.
- Mais....
- Pas de mais! Kyo-Chan! Tu sais que je ne quitterai pas Argenta. Je t'y attendrai. Je partirai lorsque le temps sera venu, s'il arrive un jour. Aller, n'as-tu pas une visite à faire à une certaine arène?
Toujours souriant, il lui montra la direction de la porte. Ouvrant la bouche pour protester, le jeune homme la fit toutefois taire en l'entraînant avec lui en dehors de la pièce, attrapant le sac à dos d'une main. Une fois au rez-de-chaussée, il laissa tomber le sac dans un coin et l'entraîna vers la porte. Kyo tenta de l'arrêter, mais il était trop tard. En moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, les deux amis couraient littéralement dans les rues d'Argenta. Le soleil semblait leur sourire et même la brise les entraînait en direction du fameux bâtiment. Ils s'arrêtèrent lorsque les portes ne furent plus que quelques mètres plus loin. Le jeune homme la regarda d'abord sérieusement. Puis, un éclat se mit à briller dans ses yeux et avant qu'elle ne puisse réagir, il l'avait pris dans ses bras. Kyoko figea à demi, d'abord surprise. Puis, ses mains s'appuyèrent sur les épaules de Tomonari et son front contre le torse du jeune homme. C'était le seul véritable ami qu'elle avait eu et maintenant, Kyo allait partir au loin. Il s'agissait sans doute de l'une des dernières fois qu'ils se voyaient. Dans ses yeux gris-bleu, elle sentit une larme se dessiner et ses mains se firent tremblantes. Une douce brise vint les caresser, les enveloppant pour leur créer une petite bulle d'intimité.
Puis, l'adolescent recula et la regarda une dernière fois. Lui faisant un grand sourire d'encouragement, il n'avait pas besoin d'ouvrir la bouche pour lui dire qu'il croyait en elle. De la main, il lui montra l'arène. Kyoko prit une grande inspiration avant de lui sourire. Puis, ses pas la guidèrent malgré elle vers les grandes portes de l'arène d'Argenta. Sous peu, l'un de ses premiers vrais combats débuteraient. Tomonari attendrait le résultat à l'extérieur, sans doute tout aussi nerveux que la jeune fille dont les fines mains effleuraient maintenant la porte de l'arène.