Giovanni ! [ Solo ]

Le garçon sortit en courant de la centrale après avoir réalisé que le jour se levait. Alors il avait passé toute la nuit à traquer ces maudites bestioles ?! Il n'avait plus beaucoup de temps pour se rendre à Argenta. Un geste bref, il vérifia que le papier qui indiquait la position du QG du mois se trouvait bien dans sa poche et se précipita vers Azuria où il espérait trouver un taxi pour pourrait le transporter rapidement jusqu'à la ville voisine : Argenta, la ville de la roche, mais aussi ville de la première arène. Une curieuse envie de tenter sa chance chez le champion Forrest démangeait Koaku. Il aurait peut-être sa chance, après tout. Avec une attaque Surf, ce serait du gâteau. Mais bref, la Centrale étant toute proche de la métropole de l’eau, le trajet serait relativement court. Il y avait à peine un kilomètre à courir et avec un peu de chance, il serait à l'heure. C'était parfait. Comme ça, il pourrait consacrer un peu de temps à l'apprentissage de Pikachu.

Le jeune homme connaissait les raccourcis et autres passages ardus et inconnus pour les avoir empruntés plusieurs fois, ces journées maudites où la Police débarquait au QG et que, à partir du moment où l'alarme d'urgence retentissait, c'était du chacun pour sa peau. Il restait à prendre ses jambes à son cou. Voilà pourquoi connaitre les passages ambigus pouvait être utile pour un agent contre son gré de la fabuleuse Team Rocket connue pour ses talents d'escroquerie. En outre, Koaku ne mit que quelques minutes pour se rendre au cœur de la ville qui grouillait de monde à cette heure matinale.

- Help ! Taxi ! s'écrit le garçon en faisant signe à une vieille casse qui crachait abondamment une fumée noirâtre. Il devrait se contenter du strict minimum pour cette fois.

Cette voiture ne devait avoir roulé un temps pour être dans cet état : la banquette arrière était très peu confortable et on pouvait voir plusieurs ressors sortir du tissus épais parsemé de multiples trous. Le garçon grimaça et se cala contre la vitre mouchetée avant de partir dans la profonde contemplation du plafond à la couleur indescriptible.



- Terminus, petit , annonça le conducteur à la moustache grisonnante.

- Merci.

Koaku sortit de la voiture miteuse avec hâte, pressé de retrouver sa liberté. Il claqua la portière en signe d'au revoir et s'enfonça dans la foule d'Argenta. Il était près de midi et le soleil était bien haut dans le ciel. D'après les informations que l'on lui avait transférées, le QG se trouvait dans la portion Nord-Est de la ville, dans une immense rue marchande. Ce n'était ni un immeuble quelconque mais une vieille baraque tout à fait normale. C'était au 34. Parfait ; ce ne serait pas difficile à trouver, il faudrait juste marcher.

Le garçon débarqua dans une longue avenue entièrement pavée. De toute part, des petits magasins de fortune étaient installés. Les couleurs étaient abondantes autant que les odeurs de fruit et d'autres produits frais. On y trouvait des pokemons en toutes régions venus accompagner leurs maîtres dans leurs déplacements. Cette avenue sentait la campagne, le bonheur, la liberté. Elle avait tout pour plaire à Koaku. Même si l'on était encore dans la métropole d'Argenta, on pouvait parfaitement voir que les quartiers plus à l'extérieur de la ville étaient bien plus pauvres que le centre et que l'on y trouvait pas du tout le même genre de personne.

En remontant un peu plus, on trouvait le numéro trente-quatre, comme indiqué sur le papier froissé. C'était une grande maison pas très reluisante. Les volets de bois étaient rabattus, laissant juste filtrer assez de soleil pour éclairer les pièces. A croire que l'on était en plein mois de juin. Finalement, Koaku se décida d'entrer. De toute façon, le Boss n'attendait que lui. Il monta quatre à quatre les escaliers jusqu'au premier étage d'où quelques voix étouffées parvenaient. Dans l'appartement, une odeur d'humidité pesait, ce qui signifiait que la maison était inhabitée depuis bien longtemps et que Giovanni était doublement en danger si un quelconque agent passait et découvrait l'appartement normalement vide, occupé. Mais apparemment, se mettre dans le pétrin ne semblait pas le déranger. Le garçon traversa le couloir, guidé par les bruits.

Tout au bout, il y avait une immense pièce ; certainement l'ancien salon. Il trônait au milieu un bureau massif et quelques fauteuils, mais rien d'extraordinaire. Cependant, Koaku aurait pu reconnaitre l'homme qui était confortablement installé dans son grand fauteuil noir. Giovanni. Il était habillé comme d'habitude, les cheveux plaqués sur le crâne, cravate et veste bien repassée sans oublier les dizaines de bagues en or, argent, ou encore en bronze qui ornaient ses mains. Un sourire narquois éclaira le visage de l'homme quand Aku s'avança un peu plus dans l'entrebâillement de la porte.

- Tu es en retard, Aku.

- Excusez-moi Monsieur, j'ai eu quelques … soucis. Mais rien de grave.

Le jeune homme s'avança silencieusement, la pokeball du pokemon fantôme dans la main droite ; il la posa sur le bureau et se recula, poli. Un bras articulé vint de lui-même l'attraper entre ses serres et la placer dans le scanner d'un des pokedex perfectionnés du Boss. Combien avait-il mit pour acheter ses véritables merveilles de la technologie ? Aku n'aurait pas su répondre, mais il se souvenait du jour où il avait lâchement abandonné un de ses Grolem pour avoir un de ses nouveaux engins ultra perfectionné à offrir à ses meilleurs voleurs. Même encore petit, Koaku avait trouvé cela pathétique. Cependant, Giovanni était avare et on y pouvait pas grand-chose. Le Boss était penché sur son écran, occupé à analyser toutes les données que lui envoyait le scanner. Taille, poids, attaques, espèce, potentiel génétique, ... Tout y passait. Il y avait des schémas, des images du pokemon, des études de son anatomie. Tout était étudié pour la stratégie en combat. Au bout de quelques minutes, la machine s'arrêta enfin et Giovanni releva lentement la tête. Ses grands yeux vides fixaient le garçon profondément. Aku se mordit la lèvre, inquiet. Il avait encore fait une bourde, sinon le Boss aurait eu vite fait de le féliciter. Aïe.

- Koaku … Comment oses-tu me ramener un pokemon si faible ?! Tu peux le reprendre, je chargerais mes autres agents de me ramener des spectres.

Aku baissa les yeux, légèrement honteux. Mais d'un côté, il aurait peut-être pu être renvoyé définitivement. Ainsi, plus de travail forcé et de mission périlleuse. D'un autre, avant de partir, il voulait connaitre la vérité, la stricte vérité. Mais dans ce monde égoïste, qui croire, sur qui compter ? Question sans réponse, certainement, et c'est pourtant bien malheureux ...

- Tu veux savoir, c’est cela.

- ... Et pourquoi vous ferais-je confiance ? Vous me menez en bateau depuis que je suis tombé dans votre trou. Vous m'utilisez, vous m'avez incrusté ce R majuscule sur mon bras droit sans que je le veuille véritablement et vous me demandez votre confiance ?!

- Tu ressembles à ton père, Aku. Tu es naïf, certes, mais bien plus intelligent. Tu es plus débrouillard. Tes parents ne reviendront pas. Ils t'ont abandonnés et pourtant, tu n'as jamais semblé leur en vouloir. Cela m'a toujours étonné. Je vais te rendre ta liberté si tu le désires. Sache seulement que tu es un de mes meilleurs agents. Bref, je voudrais que tu termines ce que tes chers parents ont commencé. Trouve la cachette de Mew Two.

- Je ne leur en veux pas. J'aurais fait pareil, je pense. De plus, ils ne sont pas lâche, juste humains. Je n'ai nullement confiance en vous. Vous n'avez rien fait pour que je vive normalement. Je vous dois tout de même ... la vie. Cette marque sur mon bras ne partira qu'à ma mort, n'est-ce pas ? Je serais un escroc jusqu'à mon dernier souffle alors à quoi bon partir ? Alors j'accepte cette dernière mission mais seulement si vous me laissez plus de liberté. Je VEUX vivre ma vie comme JE le souhaite.

C'était difficile à avouer. Pourtant, c'était vrai, il devait sa vie au Boss. Il avait du mal à imaginer que Giovanni soit en quelque sorte son père adoptif. Un homme avare et sans coeur, avide de pouvoir. Décidément, il possédait tous les défauts du monde ... Koaku n'avait jamais vu la chose de cette manière. Quoi qu'il en soit, il détesterait le Boss détesterait jusqu'à la fin de ses jours, pour lui avoir caché ses sources. Peut-être que l'histoire aurait fini différemment s'il avait connu la vérité plus tôt. La vie ne se passe jamais comme il le faut.

- Très bien, j'accepte. Tu peux disposer.

- Merci Monsieur.

Un sourire illumina le regard de Koaku lorsqu'il sortit de la pièce. Il était libre, maintenant. Trouver Mew Two ne devrait pas être si difficile et puis, il avait obtenu ce qu'il désirait le plus au monde : sa liberté. Il ne serait plus le chien de Giovanni. Non, ses parents ne reviendraient pas, il n'aurait jamais une vie comme celle d'un enfant chéri depuis le jour de sa naissance, mais peut importe : il avait gagné la guerre.